Spectacle discret
C’est un vaste terrain où court une longue piste.
Certains vont y flâner les fins de semaine, d’autres grattent des talons, la piste cendrée et peignent dans ses courbes les herbes, au bord. Parfois les bruits inondent la pelouse quand des équipes rivalisent au ballon. Puis les tournois laissent la place aux trotteurs et les fers des galops martèlent la piste brune et arrachent les derniers bouquets d’herbes. l’été finit déjà.
A l’instant, seul un promeneur le long du parc, badaud bedonnant et discret, marche dans le grand parc désert, lorsque soudain il applaudit, on ne sait quoi, on ne sait qui. Il y a un spectacle dans le coin ? On l’imagine mais ne voit rien, … En fait, une bande d’oiseaux noirs pique le parc. L’homme s’est pris l’envie de les effrayer par amusement ou pour admirer leur envol, par instinct bucolique d’un champ nouvellement ensemencé, pas de réponses, des questions et toutes sortes d’interrogations.
et nos regards vont quitter le court spectacle du bonhomme au fond du parc, quand soudain les yeux s’attardent à nouveau sur ses mains.

Les bras levés il récidive, frappe à présent à toute volée, badaud bedonnant et discret redouble d’applaudissements. A qui adresse-t-il ces claps
après le premier envol ? Sur sa droite s’élève alors, une nuée d’oiseaux blancs, des mouettes dissimulées parmi les herbes, s’éparpillent au ciel de l’avenue.
Voilà donc la fin d’un match, où oiseaux blancs et noirs rivalisaient et les cris des ailes là-haut, laissent entendre les divergences d’arbitrage. 
Badaud bedonnant et discret reprend sa marche silencieuse et quelques pas plus loin stoppe, à nouveau statufié. Le spectacle est captivant, pour qu’il en oublie ses mains et déroutant pour les yeux qui suivent ce spectateur hors du temps.
Mais un héron et deux cigognes jouent sur le terrain de basket où Badaud bedonnant et discret déambule à présent. A pas dansant, sur le terrain de jeux des échassiers. il mime les pas cadencés, afin de ne pas déranger.
les spectacles des plumes sportives font donc partie du quartier, y vient qui veut, sans prévenir, l’herbe et le sable sont sponsorisés, mais l’air et le ciel bleu ne sont pour l’instant pas réservés. Badaud bedonnant et distrait, profite de ce répit discret. 
