rides en vrac, mors au temps!

Et si je vous contais vieillesse plutôt que de vous conter fleurette, à vous jeunes d’un temps que la ride blesse autant que la lame dans la glaise.
Vous ne pensiez pas que l’on pouvait changer ainsi.

Les corps s’affalent et se disloquent avec les arrondis du temps. Vous aviez pourtant vu à l’âge tendre les vieux clopinant à la rue, au soir à la main la chandelle, visitant la maison en passant, saluant les parents et riant au néant. Ils étaient heureux en ces temps, vieux, rehaussés d’un feutre brun, le bras finit par une canne sous un pardessus camphré, accompagné d’une moitié à l’identique embaumée.

Et Ils entraient dans la pièce chaude battaient de l’air avec leurs mots pour que le temps s’arrête enfin; leur laisse le temps de respirer. Puis ils prenaient place à la table ou au fauteuil de la salle à manger. Et près d’eux vous veniez vous installer, les voir, les écouter parler de plus près, Vous, enfants d’un âge à observer les adultes comme une Nouveauté.

Vous vous souvenez de ces bras où perçaient les os saillants. La peau de cuirasse perlée de poils anarchiques, avait tenu mais se tendait souple et docile aux tressaillements des veines rampant sous les flancs. Vous ne pouviez quitter des yeux les doigts noueux. Les articulations crochetées semblaient arrêter dans leurs mouvements. Comme il est drôle de vieillir, pensiez-vous alors sans plus d’esprit. Vous ne vous doutiez pas qu’à votre tour, vos mains vous rappelleraient au souvenir de ces vieux grippés par le temps. Comme on ne ressemble à rien du tout, habillé de ces tiraillements, cornes naissantes au rond des phalanges où le mouvement marque les plis du temps.

Vous ne pensiez pas alors que l’on pouvait changer au temps !

vieux ds la rue

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