Visite Parisienne : ho, taxi !

Comme il est doux d’être conduit, pensais-je un jour d’embouteillage

Je faisais comme tant d’autres, le chemin à travers la capitale. Passant de ces fins de semaines, gobeur de sens de la cité et provincial jusqu’au bout des ongles, l’âcre goût de la mégapole comme tant d’autres m’attirait.

Je rencontrais un taxi. Le verbe est choisi puisque le véhicule avait pilé à un mètre exactement du bord de mon manteau, soigneusement suspendu à mon bras.

Plus livide encore que moi, l’homme au volant avait levé les bras au ciel, puis avait oscillé de la tête et pour finir, posé un mégot à ses lèvres, en guise de calmant. Ma peur était en décalage, ayant compris quelques secondes après, le bon sens de la route, j’avais vu en me retournant, le pare-choc de la voiture à l’arrêt près de mon genou.

« Faut pas dormir là, monsieur, m’avait apostrophé l’homme ». « Faut pas dormir?, mais je ne dors pas Monsieur, je ne connais pas la capitale, je cherche quelqu’un pour m’emmener à l’Opéra »

« Vous ne pouviez pas mieux tomber, je suis taxi. Alors montez !»

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Et  sa course aussitôt reprit. Heureux d’avoir épargné ce passant niais, mon chauffeur ragaillardi me présenta son patelin comme à un vieux pote, revenu des Amériques. Il me conta Paris la vitre ouverte et le nez au vent.
A chaque feu j’étais blotti discrètement dans le fond de mon siège. J’acquiesçais et faisais un maigre sourire quand il me regardait dans son rétroviseur, gêné et gelé, observé par les rouleurs alentours qui nous dévisageaient bizarrement.

Il faut dire que la chaleur conviviale à l’intérieur du taxi, ne pouvait faire oublier la froidure de l’hiver au dehors et la gifle du vent à ma vitre entrouverte.
J’écoutais mon guide m’emmener dans ces rues, de son ton lyrique et enflammé.

Bien m’en avait pris de relever ma vitre, pour laisser passer un filet d’air et faire voyager mon regard, sans vexer mon conducteur devant moi, car les seuls instants de répits étaient ceux de sa gorge enflammée. Il se devait de respirer, alors il prenait une bonne lampée d’air gobée au dehors, en raclait le fond de sa gorge et à grand fracas amenait au bord de ses lèvres le crachat, un glaviot laiteux roulant qu’il vous jetait d’un jet fantastique au dehors, sans aucune précaution de la voiture croisée ou du regard du client.

Le naturel est une raison de santé !

Au feu, à l’arrêt j’étais donc blotti, caché, attendant l’explosion, sûr de la guerre déclenchée si quelqu’un recevait l’ogive.
Cela n’arriva pas, même si ses inconscients essais manquèrent de peu, les rutilantes carrosseries, d’autos croisées le long de la route.
Puis arriva la fin de ma course, où d’une dernière inspiration sournoise, il lui prit l’envie de chanter à la vue de l’opéra. Mais la toux stoppa son élan et il noya une dernière fois les sons puis son moteur, dans un jet magistral au-dehors.  Je remerciais vite mon hôte de la visite « son et image », captivante  et je réglais le guide une fois à l’extérieur

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Mon chauffeur dans une ultime marque d’affection, me serra amicalement la main, à travers sa vitre ouverte.

j’aperçus seulement à cet instant, la coulée gluante, suinter le long de sa portière et compris trop tard, les regards amusés  croisés le temps de la visite du splendide patelin.

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