t’as pas changé !

la vie étonne parfois par ses rebondissements inattendus et réserve tant de surprises !

A l’occasion d’une sortie, au détour d’une allée de grand magasin, vous croisez une ombre, l’ombre de vous-même: le couloir de souvenirs fermé jusque-là par vos soins, tant l’histoire était lointaine et enfouie sous des heures d’activités intenses, s’éclaire soudain. la vie ne vous avait pas laissé pourtant le choix d’attendre, de penser, de vous poser au coin de votre présent un instant. Et à présent le passé surgit et vous envahit à nouveau tant les souvenirs s’engouffrent avec cette ombre que vous ne reconnaissiez même pas. Les impressions sont alors si différentes. Vous vous demandez si la vie a pu laisser autant de traces sur votre visage, si le nombre d’années a eu le même impact sur vous que sur l’ombre entrevue, vous qui l’imaginiez splendide, tant les rêves en pointillés l’avaient sublimée.

L’autre parait fatigué, usé, transformé, œuvre du temps ou d’une histoire défaite.

Trop de questions se bousculent que la pudeur vous interdit de poser. Et vous, êtes-vous devenu pour l’autre, l’ombre de vous-même, l’ombre d’un passé qui n’existe plus, ou n’avez d’existence que dans vos rêves. Question froide, jetée au visage comme une large claque, à vous qui vous sentiez plein d’entrain et de dynamisme la seconde avant cette rencontre. Genre de surprise dont vous vous seriez passé, parce que depuis des lustres vous avez arrêté votre montre à un instant passé. A cet instant où vous aviez perdu au fond du décor, cette image évanouie dans le lointain.
Fulgurante anomalie d’un temps oublié! Ivresse d’improbables retrouvailles!

Je tourne vite les talons et regagne la voiture. Au volant je glisse mes yeux vers le rétroviseur et regarde mon visage. Il n’a pour moi pas changé. Mes yeux me montrent le miroir de mes rêves et c’est tant mieux.
Mes yeux mentent, sans eux je ne serais.                  .